Revolustar

  • 2011

Revolustar est un détournement du jeu de karaoké Singstar qui y introduit un nouveau répertoire de chansons révolutionnaires, méconnu bien que fondateur. Les paroles, souvent d’une rare violence vis-à-vis du pouvoir, rappellent un passé qui est de moins en moins enseigné, comme cela est la cas pour l’épisode de la Commune de Paris.Depuis quelques années, les supermarchés et les marques nous assomment de slogans pseudo-révolutionnaires (« tous contre la vie chère », « à bas les prix ») et détourne les icônes et identités graphiques (couleurs, typographies). Dans le même temps, nous assistons à des débats sur des notions de civilisation, d’identités et d’héritage culturels, notamment religieux alors-même que la France est un pays laïque. Que nous reste-t-il alors de l’héritage de la Révolution, riche d’un patrimoine culturel laissé en désuétude si ce n’est pour nous inciter à consommer toujours plus ?

  • Installation. Playstation2, soundsystem, gamepad, microphone, videoprojection.
  • Co-producers: Kawenga-territoires numériques, AADN, Autonome Vivance.
  • Exhibitions: Obsolescence déprogrammée, Maison Rosa Bonheur, Chevilly Larue. MLIS, Villeurbannes. Videophonic 16, AADN, Lyon. CCO, Villeurbanne. Festival TRIG, Nîmes. Pavillon de la Colombière, Montpellier. Galerie du Lac Gelé, Nîmes."ARG", Illusion et Macadam, Montpellier. Kawenga-territoires numériques, Montpellier. Bouillants Numériques, Rennes. SKOL, BIAN, Montreal. Oudeis, château d'Assas, Le Vigan
  • With the support of the Occitanie Council and DRAC Occitanie.

Revolustar propose deux sortes de détournement. Un détournement du chant et un détournement de l’image. Le premier inclut exclusivement des chansons révolutionnaires et contestataires. Aujourd’hui considérées comme désuètes ou folkloriques, elles sont représentatives d’une histoire, d’engagements forts et témoins de nombreuses mutations que nos sociétés ont vécu.

Il s’agit par ce geste d’illustrer le repli de l’impact subversif des pensées révolutionnaires en les infiltrant sous la forme d’un karaoke au sein de foyers de familles. Les vidéos-clips des chansons commerciales intégrées au jeu PS2 sont conservées et viennent appuyer le constat de l’assimilation qui a été faite de ces mouvements historiques et fondateurs, inexorablement avalés par la société de consommation.

L’ironie s’installe entre le chant et l’image, agissant, ici, comme un parasitage et crée un décalage flagrant entre ce qui est visionné et ce qui est signifié dans les chansons.

Où Beyonce danse langoureusement en treillis militaire sur les paroles suivantes :

Tant mieux s’il éclate
Parfois en faisant beaucoup de victimes
Chez nos ennemis les bourgeois,
Cela nous venge de leurs crimes.
Vive la dynamite, puisque l’on nous irrite
A chaque exécution,
Nous mettrons en action
Notre arme favorite

Inversement, Revolustar inclut les tubes pops du jeux original sur des images de révoltes plus ou moins réprimées, de différentes époques et lieux. L’image est alors brute, dénuée du glamour du traitement esthétique et romantique du révolutionnaire. Le divertissement passe ici par le chant qui contredit l’image. Ce parasitage nous permet de vivre par procuration une version très édulcorée de l’acte de rébellion. Un fantasme réalisé sans le moindre danger.

Revolustar est une œuvre critique dont l’efficacité passe par le geste minimaliste et parasitaire qu’il induit. Nos actions ne sont pas spectaculaires mais elles produisent un glissement de sens, une lecture à entrées multiples, en concurrence avec les outils de normalisation.